Le Sénat du Zimbabwe a franchi une étape majeure vers l’abolition de la peine de mort en adoptant un projet de loi historique. Cette décision pourrait marquer un tournant décisif dans l’histoire judiciaire du pays, mais soulève des questions sur les véritables motivations du gouvernement.
Un pas audacieux ou une façade politique ?
Le projet de loi, qui a été adopté par les sénateurs la nuit précédente, pourrait mettre fin à la pratique de la pendaison, qui n’a plus été appliquée depuis 2005. Bien que ce soit une avancée indéniable, certains observateurs se demandent si cette décision n’est pas en réalité un mouvement stratégique du gouvernement pour améliorer son image à l’international.
Alors que des groupes de défense des droits humains, comme Amnesty International, applaudit ce geste, d’autres soulignent que la question de l’application de la peine capitale reste floue, notamment avec plus de 60 prisonniers toujours dans le couloir de la mort.
Le poids du passé et la position de Mnangagwa
Le président Emmerson Mnangagwa, qui dirige le pays depuis 2017, a toujours exprimé son opposition à la peine de mort, citant sa propre expérience durant la guerre d’indépendance, où il a échappé à la condamnation à mort pour un acte qu’il n’a jamais commis.
Il a ensuite utilisé son pouvoir d’amnistie pour commuer des peines capitales en peines de prison à perpétuité. Mais à quel point son opposition à la peine de mort est-elle sincère, et dans quelle mesure cela reflète-t-il une volonté réelle de réforme, plutôt qu’un geste populiste pour plaire à la communauté internationale ?
Une réforme qui divise et inquiète
La décision d’abolir la peine de mort survient à un moment où le pays est sous pression pour moderniser son système judiciaire et améliorer ses droits humains. Cependant, certains s’inquiètent que l’abolition de la peine capitale puisse n’être qu’une distraction des problèmes plus profonds du pays, tels que la corruption et l’instabilité politique.
Bien que la majorité des nations mondiales aient renoncé à la peine de mort, le Zimbabwe reste l’un des derniers bastions en Afrique où cette loi reste en vigueur, sans moratoire officiel.
La question du futur : le Zimbabwe prêt pour le changement ?
La signature du projet de loi par le président semble imminente, mais cela ne suffira-t-il pas à apaiser les critiques ? Si cette réforme est une victoire pour les droits humains, elle reste une mesure symbolique dans un pays où les droits fondamentaux demeurent une question brûlante.
L’abolition de la peine de mort pourrait-elle être la première étape vers une véritable révision du système judiciaire du Zimbabwe, ou restera-t-elle une simple manœuvre politique ?