L’Iran franchit un nouveau cap dans la répression. Ce vendredi 13 décembre, une loi controversée entre en vigueur, renforçant drastiquement les sanctions liées au port obligatoire du voile. D’amendes exorbitantes à la peine de mort, cette législation inquiète les défenseurs des droits humains.
Une législation qui muselle les femmes et la société
Baptisée « loi sur la protection de la famille par la promotion de la culture de la chasteté et du hijab », ce texte comporte 74 articles visant à réprimer sévèrement toute forme de contestation du port obligatoire du voile. Amnesty International alerte sur des sanctions extrêmes : flagellation, peines de prison, interdictions de voyager, restrictions d’éducation et d’emploi pour les femmes et filles qui bravent la loi.
L’article 37 va encore plus loin en qualifiant de « corruption sur terre » la promotion de l’indécence ou du dévoilement, y compris via des collaborations avec des médias ou organisations étrangères. Conséquence : la peine de mort peut désormais être appliquée à des opposants pacifiques accusés de cette infraction.
LIRE AUSSI _ Syrie : Le cercueil de l’ancien président, père de Bachar el-Assad réduit en cendres
Des amendes étouffantes pour les plus vulnérables
Un autre volet inquiétant de cette loi concerne le système d’amendes. Leur montant varie selon la gravité des infractions et le nombre de récidives, allant de 160 dollars à 22 000 dollars (150 à 21 000 euros). Ces sommes écrasantes pèsent lourdement sur les familles déjà fragilisées par la crise économique.
Selon Diana Eltahawy, d’Amnesty International, cette stratégie financière est une arme de l’État pour renforcer son contrôle : « Cette loi s’attaque aux femmes et jeunes filles les plus défavorisées, les piégeant dans un cercle de peur et de précarité. »
Une loi critiquée jusque dans les sphères du pouvoir
Fait rare, même le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exprimé ses réserves lors d’un entretien télévisé le 2 décembre : « En tant que responsable de cette loi, j’ai de nombreuses critiques à son sujet. Nous risquons de causer de sérieux dégâts à notre société. »
Malgré ces critiques, la loi est maintenue, témoignant d’un fossé croissant entre les dirigeants réformateurs et les factions conservatrices du régime.
Un appel à la mobilisation internationale
Face à cette escalade autoritaire, les organisations des droits humains appellent à une action urgente. La loi ne se limite pas à réprimer les femmes, mais vise à étouffer toute voix dissidente, plongeant l’Iran dans une spirale de peur et d’injustice.