Dans un geste audacieux et controversé, Yuriko Koike, la gouverneure de Tokyo, a annoncé la gratuité totale des crèches pour tous les enfants de la capitale nippone dès septembre 2025. Cette initiative, présentée comme une réponse urgente à la crise de la natalité, suscite autant d’espoirs que de scepticisme.
Une mesure salvatrice ou un pansement sur une jambe de bois ?
Avec un taux de natalité catastrophique de 1,2 enfant par femme, loin des 2,1 nécessaires pour maintenir la population, le Japon est à l’agonie démographique. Tokyo, mégapole de 14 millions d’habitants, lance donc une politique de crèches gratuites, élargissant un dispositif déjà en vigueur pour le deuxième enfant. L’objectif affiché ? Alléger la charge financière des familles et inciter à avoir plus d’enfants. “Le Japon est confronté à une crise économique et sociale majeure. Il n’y a pas de temps à perdre”, a déclaré Koike.
Mais certains observateurs doutent de l’efficacité de cette mesure. “Une crèche gratuite ne résout pas les autres problèmes systémiques, comme les horaires de travail exténuants ou l’égalité des sexes”, souligne un analyste local.
Une politique en contradiction avec la culture du travail ?
Tokyo ne s’arrête pas là. La gouverneure a également évoqué la mise en place d’une semaine de quatre jours pour les employés municipaux, espérant réduire le stress lié au travail et encourager la parentalité. Mais dans un pays où les heures supplémentaires sont presque une religion, cette idée est loin de faire l’unanimité. Certains patrons craignent une baisse de productivité, tandis que d’autres y voient une opportunité d’évolution sociétale.
La gratuité, un remède suffisant face à une société vieillissante ?
Le Japon est déjà le deuxième pays le plus âgé du monde après Monaco, avec une population dont plus de 28 % a plus de 65 ans. La natalité en chute, combinée à une espérance de vie élevée, pose des questions existentielles : qui prendra soin des seniors demain ?
Pour certains critiques, les crèches gratuites ne sont qu’un écran de fumée. “Le vrai problème, c’est le manque de sécurité d’emploi, la pression sociale sur les femmes et un système éducatif écrasant”, estime un sociologue.
Tokyo, modèle pour le reste du monde ou exception isolée ?
Cette initiative audacieuse pourrait inspirer d’autres grandes métropoles confrontées à des problèmes similaires. Mais si elle échoue, elle risque de devenir un symbole de l’impuissance des politiques publiques face à des enjeux démographiques complexes. Pour le moment, Tokyo mise gros, mais l’issue reste incertaine.
