Le Togo se prépare à franchir une nouvelle étape dans la digitalisation des démarches administratives avec la mise en place d’un système en ligne pour la demande de certificat de nationalité. Cette initiative, pilotée par le ministère de la justice et de la législation, a suscité des réactions mitigées. Alors que l’objectif est d’améliorer l’efficacité des services publics, certains s’interrogent sur les implications réelles de cette numérisation pour les citoyens togolais.
Une digitalisation controversée
Le processus de digitalisation, lancé cette semaine par l’Agence Togo Digital, est entré dans sa dernière phase avec la formation des agents de la Direction de la Nationalité et du Sceau à l’utilisation des nouveaux outils numériques. Bien que cette évolution semble marquer une avancée en matière de modernisation des services administratifs, elle soulève des préoccupations. Les sceptiques pointent les défis d’accessibilité aux outils numériques dans les zones rurales, où une large portion de la population togolaise reste exclue des services en ligne.
Le gouvernement assure que cette dématérialisation des démarches administratives contribuera à réduire les délais de traitement et à faciliter l’accès des citoyens aux documents officiels. Cependant, l’efficacité de cette initiative pourrait être compromise si des infrastructures adéquates ne sont pas mises en place dans tout le pays. En effet, à ce jour, l’accès à Internet et à des équipements numériques reste un luxe dans de nombreuses régions du Togo.
Ce lundi 9 décembre 2024, les agents de la Direction de la Nationalité et du Sceau de Lomé ont été formés à la prise en main effective des outils numériques, en vue de la digitalisation très prochaine du service de demande de nationalité.
Tout au long de cette semaine, divers… pic.twitter.com/qrH4eUn8YT
— Agence Togo Digital (@digitalgouvtg) December 10, 2024
Une première étape réussie, mais…
En janvier 2023, une première phase de digitalisation avait permis la dématérialisation des demandes de duplicata de certificat de nationalité, une mesure jugée positive pour améliorer la célérité des procédures. Si les résultats de cette première phase ont été satisfaisants, la mise en place d’un système complet pour la demande de certificats soulève de nouvelles interrogations. La question de la sécurité des données personnelles et la gestion des informations sensibles des citoyens sont des points d’ombre qui n’ont pas encore trouvé de réponse claire.
Un projet ambitieux avec des risques ?
La vision du gouvernement de digitaliser 75% des démarches administratives d’ici 2025 est ambitieuse, mais cette transition numérique ne doit pas se faire au détriment des plus vulnérables. Si le projet est couronné de succès, il pourrait transformer le paysage administratif du Togo en le rendant plus rapide et plus transparent. Néanmoins, une mise en œuvre trop rapide et mal encadrée pourrait marginaliser une grande partie de la population, exacerbant ainsi les inégalités numériques dans le pays.
Un futur numérique, mais à quel prix ?
En définitive, la digitalisation des démarches administratives, notamment la demande de certificat de nationalité, représente un tournant pour le Togo. Cependant, la réussite de ce projet dépendra de la capacité du gouvernement à résoudre les problèmes d’accès aux outils numériques, tout en garantissant la sécurité des informations personnelles des citoyens. La numérisation est une avancée, mais elle ne doit pas devenir un piège pour ceux qui n’ont pas les moyens de s’y adapter.