La loi d’amnistie récemment votée par le président Alassane Ouattara suscite une vive controverse en Côte d’Ivoire. Bien qu’elle soit censée favoriser la réconciliation nationale, elle est perçue par de nombreuses victimes de la crise post-électorale de 2010 comme un rejet de leurs droits à la justice.
L’amnistie : Un coup fatal aux espoirs de justice
Pour les victimes de la crise, cette mesure représente un échec cuisant dans leur quête de justice. « Cette amnistie a anéanti tous les espoirs de justice des victimes », déclare Drissa Traoré, secrétaire général de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH).
Les organisations de défense des droits humains, telles que la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO) et le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH), dénoncent une loi contraire au droit international et aux engagements de la Côte d’Ivoire en matière de droits humains. Selon Drissa Bamba, président du MIDH, « La réconciliation imposée à marche forcée s’est faite aux dépens des victimes. »
La crise post-électorale et l’impunité persistante
La crise post-électorale de 2010 a laissé des cicatrices profondes en Côte d’Ivoire, avec des milliers de morts et de nombreuses victimes de violences sexuelles. Bien que les autorités ivoiriennes aient promis de lutter contre l’impunité, l’adoption de cette loi d’amnistie remet en question leur engagement à rendre justice.
En 2012, Alassane Ouattara avait affirmé qu’il n’y aurait pas d’impunité. Cependant, l’amnistie contredit cette promesse et alimente le sentiment d’injustice parmi les victimes.
Vers une justice transitionnelle difficile
Face à cette situation, les victimes ont tenté d’obtenir justice par des recours juridiques, mais leurs demandes ont été rejetées, notamment par le Conseil d’État. Désormais, elles placent leurs espoirs dans la Cour de justice de la CEDEAO, espérant que cette instance leur donnera raison.
La question centrale reste de savoir comment réconcilier la nécessité de la réconciliation nationale avec les droits des victimes à la vérité, à la justice et à la réparation.