La Turquie s’impose progressivement comme un acteur clé dans la stratégie sécuritaire du Mali. En octobre dernier, le colonel Assimi Goïta, chef de la junte malienne, accueillait une délégation parlementaire turque, confirmant une volonté commune de renforcer les liens économiques et militaires entre les deux pays.
Recep Tayyip Erdogan, président turc, avait déjà marqué son soutien aux Forces armées maliennes (FAMa) dans leur lutte contre le terrorisme lors d’un échange téléphonique en juillet.
La Turquie, nouveau partenaire militaire du Mali ?
Début novembre, Canik Academy, société militaire privée (SMP) turque, a publié une vidéo promotionnelle dévoilant l’implication de ses instructeurs aux côtés des FAMa. Bien que rapidement retirée, cette publicité a soulevé de nombreuses questions. Pourquoi la Turquie a-t-elle tenté d’étouffer cette révélation ? Serait-ce pour éviter des tensions avec Moscou, principal partenaire militaire de Bamako jusqu’alors via les mercenaires de Wagner ?
La collaboration entre Ankara et Bamako ne plaît visiblement pas à tout le monde. Avec la livraison de drones TB2 dès 2023 et l’implication croissante de Canik Academy, la Turquie semble marcher sur les plates-bandes de la Russie. Une concurrence qui pourrait envenimer les relations entre ces deux puissances étrangères présentes dans la région.
La fin du monopole russe au Mali ?
Jusqu’à présent, la Russie jouissait d’un quasi-monopole en matière de soutien militaire au Mali. La présence des mercenaires de Wagner, bien qu’entourée de controverses, a été déterminante dans les efforts du pays pour contrer les groupes terroristes. Mais cette nouvelle coopération turque pourrait rebattre les cartes. En diversifiant ses partenariats, Assimi Goïta semble chercher à réduire sa dépendance à l’égard de Moscou. Ce choix stratégique pourrait toutefois aggraver les tensions entre ses alliés étrangers.
Ankara, sauveur ou opportuniste ?
Alors que la situation sécuritaire et humanitaire continue de se détériorer dans le nord du Mali, le rapprochement avec Ankara soulève des interrogations. La Turquie cherche-t-elle à combler un vide laissé par des puissances occidentales de plus en plus discrètes, ou bien utilise-t-elle la fragilité du Mali comme tremplin pour asseoir son influence en Afrique ?
L’avenir dira si ce partenariat apportera au Mali une réelle stabilité ou s’il alimentera un nouveau bras de fer géopolitique. Ce qui est certain, c’est qu’Assimi Goïta joue une carte risquée, mais peut-être nécessaire dans ce contexte explosif.