Pour la première fois dans l’histoire du Togo, un Sénat sera mis en place en février 2025, dans le cadre du passage à la Ve République. Si cette évolution pourrait marquer un tournant démocratique, les détails de sa composition sèment déjà le doute.
Sur les 61 membres, 20 seront directement désignés par le président Faure Gnassingbé, un choix perçu comme une mainmise politique. Les 41 autres seront élus par des grands électeurs, majoritairement contrôlés par le parti au pouvoir, UNIR.
Des sénatoriales jouées d’avance ?
Les conditions du scrutin laissent peu de place à la compétition. Les grands électeurs, issus des conseils régionaux et locaux, sont dominés à plus de 90 % par l’UNIR, qui a raflé 108 des 113 sièges aux dernières législatives.
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L’opposition, divisée, hésite : faut-il participer à des élections sans garantie de transparence ? Des partis comme le FDR, l’ANC et la DMP pointent une mascarade démocratique, tandis que le mouvement Touche pas à ma constitution qualifie ces élections de « folklore inutile ».
Un Sénat pour le peuple ou pour le pouvoir ?
Pour beaucoup, ce Sénat ne représente pas les aspirations des Togolais. Les critères d’éligibilité, dont une résidence obligatoire de six mois, excluent des candidats potentiels de la diaspora.
De plus, les deux sessions annuelles prévues (en avril et octobre) soulignent une institution aux prérogatives limitées, davantage symbolique que fonctionnelle.
Vers une légitimité contestée
Alors que la présidence affirme que cette réforme marque un pas vers la stabilité, l’opposition dénonce une consolidation du régime autoritaire. Le scrutin du 2 février 2025 sera-t-il un tournant historique ou une nouvelle démonstration de force de l’exécutif ? Une question qui divise et met en lumière les profondes fractures politiques du pays.