Le bras de fer est engagé entre la société canadienne GoviEx Uranium et le Niger. Après la révocation en juillet 2024 de son permis d’exploitation de la mine d’uranium de Madaouela, située près d’Arlit, GoviEx a annoncé avoir saisi le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI). Cette institution, rattachée à la Banque mondiale, devra trancher ce litige à haute portée économique et politique.
La junte mise en cause par GoviEx
GoviEx dénonce une décision arbitraire de la junte dirigée par le général Abdourahamane Tiani, qui gouverne le Niger depuis le coup d’État de juillet 2023. Selon l’entreprise, cette révocation constitue « une violation flagrante des accords conclus en vertu de la convention minière, du code minier et du code civil nigérien ». Toutes les tentatives de négociations à l’amiable, notamment par l’envoi de requêtes administratives au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), ont échoué, précise l’entreprise.
Une réclamation d’envergure
GoviEx réclame soit une compensation financière, soit la restitution de son permis. Le projet Madaouela, sur lequel l’entreprise est présente depuis 2019, représente un investissement colossal de 343 millions de dollars. Promettant la création de 800 emplois sur deux décennies, ce projet devait jouer un rôle stratégique dans le développement économique local. La société souligne également que la récente flambée des prix de l’uranium renforce encore la pertinence et la rentabilité de cette exploitation.
Souveraineté versus investissements étrangers
Du côté de Niamey, cette décision s’inscrit dans une politique assumée de reprise de contrôle des ressources minières. Depuis son arrivée au pouvoir, la junte multiplie les annonces pour affirmer la souveraineté du pays sur ses richesses naturelles, notamment l’uranium, un minerai stratégique pour les économies mondiales. Le Niger, quatrième producteur mondial d’uranium, semble vouloir redistribuer les cartes face aux investisseurs étrangers.
Un précédent lourd de conséquences ?
Ce différend pourrait devenir un cas d’école dans les relations houleuses entre pays riches en ressources naturelles et multinationales. Si GoviEx obtient gain de cause au CIRDI, cela pourrait dissuader d’autres investisseurs internationaux. À l’inverse, une décision favorable au Niger renforcerait la capacité des États à renégocier les termes de leurs partenariats avec des entreprises étrangères.
Cette affaire, au croisement des enjeux économiques, politiques et environnementaux, est une véritable épreuve de force entre le Niger et les intérêts canadiens. Qui en sortira vainqueur ?