C’est tendu dans l’exécutif somalien ! Ce lundi, le président somalien Mohamed Abdullahi Mohamed a annoncé avoir suspendu son Premier ministre Mohamed Hussein Roble. Aussitôt après, ce dernier a crié à un essai de « coup d’Etat », dans le cadre de l’organisation d’élections longtemps retardées dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique, apprend-on des médias locaux.
« Le président a décidé de suspendre le Premier ministre Mohamed Hussein Roble et de mettre fin à ses pouvoirs en raison de ses liens avec la corruption », a indiqué le bureau du président dans un communiqué, en accusant le Premier ministre d’interférer dans une enquête sur une affaire d’appropriation de terres.
Dès que l’annonce a été rendue publique, Mohamed Hussein Roble y a répondu, saisissant l’occasion pour accuser le président de chercher à commettre « un coup d’Etat contre le gouvernement, la Constitution et les lois du pays ».
« Comme le président a apparemment décidé de détruire les institutions gouvernementales (…) J’ordonne à toutes les forces nationales somaliennes de travailler sous le commandement du bureau du Premier ministre à partir d’aujourd’hui », a déclaré M. Roble lors d’une conférence de presse à la primature, où il a pu pénétrer malgré une présence militaire renforcée aux abords.
Tensions récurrentes entre le président Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, et son Premier ministre, Mohamed Hussein Roble.
Les idées ne sont pas au beau fixe entre le président Farmajo et son Premier ministre. En effet, hier dimanche, le chef du gouvernement a accusé le président de saboter le processus électoral, après la décision du chef de l’Etat de lui retirer la charge d’organiser les élections, longuement attendues et à l’origine d’une grave crise institutionnelle. M. Roble avait jugé que le chef de l’Etat ne voulait pas organiser « des élections crédibles » dans le pays.
Mais samedi soir, M. Mohamed Abdullahi Mohamed avait révélé dans un communiqué que « le Premier ministre a failli à son devoir de mener une élection qui soit basée sur l’accord du 17 septembre 2020 », qui devait servir de ligne directrice au scrutin.
Le président a appelé à la tenue d’une conférence consultative, réunissant le gouvernement fédéral, les Etats somaliens et les autorités de la capitale Mogadiscio, pour sélectionner « un leadership compétent » qui mène à bien le processus électoral, qui inclut l’élection des représentants des chambres haute et basse du Parlement ainsi que celle du président.
Dans un communiqué publié dimanche, M. Roble a estimé que « cette déclaration visait délibérément à miner le processus électoral à son étape cruciale ». Cette décision était intervenue quelques heures après le limogeage du président de la commission électorale, que ce dernier a contesté.