Assassiné lors d’un coup d’Etat en 1987, l’homme fort Burkinabè Thomas Sankara restera à jamais comme un symbole pour tout le continent africain. 34 ans après ce drame, le procès de l’assassinat s’ouvre finalement le lundi 11 octobre 2021 devant le tribunal militaire de Ouagadougou.
Cité comme l’auteur de ce coup d’Etat qui l’avait vu arriver au pouvoir, Blaise fera montre d’une absence justifiée par ses avocats de « procès politique » devant une « juridiction d’exception ».
Renversé à la suite d’une insurrection populaire en 2014 après avoir passé 27 ans au pouvoir, Blaise Compaoré refuse clairement d’affronter la justice de son pays. Dans les mailles de la justice avec Gilbert Diendéré, l’un des principaux chefs de l’armée lors du putsch de 1987, ils sont tous accusés de « complicité d’assassinats », « recel de cadavres » et « d’attentat à la sûreté de l’Etat ».
Blaise Campaoré a nié depuis plusieurs années son implication dans l’assassinat de son ami et frère d’armes. L’affaire a été relancée en 2015 par le régime de transition démocratique et un mandat d’arrêt a été émis contre M. Compaoré par la justice burkinabè en mars 2016
Le voile a été de nouveau levé sur cette affaire par le président français Emmanuel Macron en novembre 2017. Saluant la mémoire, le chef de l’Elysée a profité pour annoncer la levée du secret-défense sur des documents relatifs à son assassinat.
« Le procès nous amène à nous regarder dans le miroir, à voir le tort qu’on s’est fait nous-mêmes avec la complicité de l’extérieur, parce que le côté matériel du coup d’Etat s’est passé au Burkina, mais les commanditaires sont de l’extérieur », avait déclaré dans un entretien télévisé Halouna Traoré, ancien compagnon de Thomas Sankara et unique rescapé du coup d’Etat de 1987.
Pour le Comité international mémorial Thomas Sankara (CIMTS), ce procès est « une victoire qui montre que le Burkina Faso, patrie des hommes intègres, est un Etat de droit dans lequel l’impunité n’est pas une valeur de référence ».
Pour rappel, Thomas Sankara a été tué le 15 octobre 1987 avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou.